La lutte contre le trafic illicite des biens culturels est l’un des programmes prioritaires de l’ICOM.
La promotion de l’éthique professionnelle et la protection des collections
Les musées doivent être les premiers acteurs de la lutte contre le trafic illicite en adoptant des règles scrupuleuses en matière d'acquisition et de cession des collections et cela dans le respect du Code de déontologie de l'ICOM pour les musées.
Les Comités internationaux de l’ICOM participent de cette mission en formant leur personnel à la protection du patrimoine, en leur offrant les outils pour inventorier leurs collections et en publiant des directives internationales de sécurité.
Ateliers sur le trafic illicite
Une coopération internationale fructueuse
Grâce à son réseau international de professionnels et son expertise, le Conseil international des musées est reconnu par nombre d’organismes nationaux et internationaux comme l’un des acteurs principaux de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels.
La coopération entre l’ICOM et ses partenaires comprend à la fois l’échange d’information et d’expertise, l’organisation conjointe de campagnes de sensibilisation, l’élaboration de programmes de formation pour les professionnels de musées, policiers et douaniers, ainsi que la diffusion des publications de l’ICOM relatives au trafic illicite auprès de ces professionnels.
L’ICOM, l’UNESCO, l'ONPC-AC et UNIDROIT
L’ICOM, INTERPOL et l’OMD
Agences nationales
Des outils de référence
Les efforts de sensibilisation internationale menés par l’ICOM et ses partenaires sur la nécessité de protéger le patrimoine culturel des peuples contre le trafic illicite, tendent à porter leurs fruits.
La norme internationale Object Identification (Object ID) facilite l’identification des objets en danger. La collection des Cent objets disparus fait état de pièces volées dans une zone du monde donnée.
Les Listes Rouges définissent les catégories d’objets en péril dans un pays ou une région du monde. Ces outils sont diffusés auprès des services de police et des douanes mondiales via INTERPOL et l’OMD, mais aussi aux musées, marchands et salles de ventes.
Object ID
Listes Rouges
La collection Les Cent objets disparus
La «liste rouge», une présentation en ligne des pièces d'archéologie africaine les plus recherchées au monde, mise sur pied par le Conseil international des musées, vient de permettre plusieurs saisies importantes en France et aux Pays-Bas
Six milliards de francs: c'est, selon plusieurs études, le revenu annuel tiré du commerce illégal des biens culturels. Le plus important trafic mondial après celui de la drogue. Pour contrecarrer cette entreprise criminelle qui fait la fortune de quelques-uns en pillant le patrimoine du monde entier, le Conseil international des musées (ICOM) a décidé de mettre à disposition sur Internet une «liste rouge».
Ses pages se présentent comme un véritable avis de recherche. On y découvre quatorze objets d'art africain vieux de plusieurs siècles, tous portés disparus. Ces pièces constituent de véritables trésors du patrimoine africain. Or, elles ont été soit volées dans des musées nigérians mal surveillés, soit arrachées sur des sites archéologiques du Mali, ou enfin cédées au plus offrant en Côte d'Ivoire, au Tchad ou au Cameroun. On les retrouve surtout en Amérique du Nord et en Europe, dans des salles de vente aux enchères où leur valeur est estimée à hauteur de centaines de milliers de francs.
Tandis que le prix de ces pièces s'envole sur le marché de l'art dit «primitif», une grande majorité de musées nationaux s'épuise à rappeler que leurs exportations dans nos pays est illégale. Ces œuvres ne doivent être ni vendues, ni achetées, mais de toute urgence saisies et restituées à leur culture d'origine. Décidé à marquer un grand coup, c'est en avril dernier que l'ICOM a présenté son avis de recherche sur le Web.
Son objectif: «Alerter les musées, les marchands d'art, les polices et les douanes sur les pillages et les vols systématiques dont sont victimes certains types de patrimoine.» Une des vocations de cette organisation non gouvernementale, regroupant les professionnels des musées de 145 pays, est de lutter contre le trafic illicite et le vol de biens culturels. Ses efforts sont menés de front avec l'Association des musées africains (Africom) et l'Unesco. «La «liste rouge» est née en 1997 d'une rencontre internationale des musées sur la protection du patrimoine culturel africain», rappelle Valérie Jullien, responsable de la communication à l'ICOM. De tous les continents, l'Afrique est en effet le plus exposé aux pilleurs – et ses pièces, les plus demandées en Europe.
Le problème est que ce phénomène criminel n'a jamais atteint pareille ampleur. Il faudrait des annuaires entiers pour répertorier les milliers d'œuvres d'art volées chaque année en Afrique. Pourquoi avoir mis l'accent sur quatorze pièces seulement? «La liste n'est en aucun cas exhaustive, résume Valérie Jullien. Elle présente en fait huit catégories d'objets particulièrement exposés aux pillages. La diffusion de cette liste sur Internet vise deux résultats: sensibiliser en premier lieu les professionnels mais aussi le plus large public en attirant l'attention sur les pillages des sites archéologiques, et permettre d'identifier des pièces sorties illégalement de leur pays d'origine afin de les faire saisir.»
Terres cuites Nok, terres cuites et bronzes d'Ifé et statues en pierre d'Esie (Nigeria); terres cuites, bronzes et poteries de la vallée du Niger (Mali); terres cuites, bronzes, poteries et statuettes (Niger, Burkina Faso); statues en pierre du nord du Burkina Faso et des régions environnantes; terres cuites du nord du Ghana et de Côte d'Ivoire; terres cuites et bronzes dits Sao (Cameroun, Tchad, Nigeria)… Si, pour l'instant, l'énumération en reste là, les résultats de cette traque sur la Toile se sont fait sentir dès sa publication. Avec des effets parfois inattendus. «Il y a eu des saisies de pièces de ce type aux Pays-Bas, à la Foire des antiquaires de Maastricht, et en France», précise la responsable de la communication à l'ICOM. En avril, une saisie à la salle des ventes de l'Hôtel Drouot à Paris a retiré des enchères dix-sept terres cuites que l'on soupçonne provenir de sites pillés au Niger et au Nigeria. Les deux pays ont porté plainte.
Une situation tendue
L'histoire aurait pu s'arrêter avec la restitution des pièces. Or, cette affaire survient en pleine période de polémique avec la France, après l'acquisition par le nouveau «Musée des arts premiers», à Paris, de trois sculptures Nok figurant elles aussi sur la «liste rouge». Elles proviennent de pillages au Nigeria, et sont exposées aujourd'hui au Louvre. Une situation qui ne donne certainement pas le bon exemple. Elle est même embarrassante, puisqu'elle met en cause des démarches d'acquisition soutenues depuis deux ans par le président Jacques Chirac en personne. L'ICOM, Africom mais aussi l'Unesco demandent en ce moment des explications au gouvernement français.